Il est des projets comme celui-ci, qu'on élabore pendant des mois, dont on récolte les fournitures petit à petit avec fébrilité et difficultés à couper, qu'on mentalise durant des semaines avant d'oser se jeter à l'eau...
Une fois que c'est parti, on veut tellement aboutir à l'image qu'on a dans la tête que l'on prend son temps, que l'on réfléchit trente fois à chaque coup de ciseau, à chaque mouvement d'aiguille...
La pression de se planter, de ruiner un joli Liberty, de ne pas parvenir à son rêve...
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Antérieurement à ce projet, il y a des contes d'enfants, racontés au bord du lit, alors qu'on n'est pas plus haute que trois pommes, le doudou et le pouce dans la bouche...
Toujours antérieurement, l'enfant est devenue jeune femme et rencontre d'autres enfants, des enfants "différents" qui crient plus qu'ils ne parlent, qui mordent pour prouver qu'ils sont là, qui vous écartèlent les doigts pour vérifier qu'ils sont attachés "pour de vrai" à la main... mais des enfants aussi qui un jour sortent de leur mutisme pour vous nommer, qui nouent la relation les yeux plantés dans les votres... des enfants qui connaissent par coeur le calendrier (jours et fêtes) jusqu'en 2060 et peuvent ainsi vous dire quel jour de la semaine tombera vos 40 ans... des enfants qui refusent de manger du rouge et du orange et qui vous expliquent que "c'est difficile de grandir"...
Des enfants, et des soignants, qui font la rencontre du conte thérapeutique, grâce à une pédopsy certes complétement déglinguée mais impliquée, militante et qui croit dur comme fer que le symbolique est absolument nécessaire dans la vie...
A ces enfants, je raconte trois fois par semaine les contes que l'on m'a raconté du bord de mon lit, avec mon doudou et mon pouce dans la bouche quand j'étais haute comme trois pommes... Haute comme eux, mais ni autiste, ni en souffrance psychique quelqconque...
On raconte les trois petits cochons et le Petit Chaperon rouge... On raconte, puis on fait jouer le conte avant de le dessiner... Et alors les enfants accèdent à une autre dimension... Celle de pouvoir se faire dévorer par le Loup mais être ensuite sauvés par le chasseur... Celle du faire-sembant, impossible pour eux... Celle de se dire que même lorsque tout démarre mal dans la vie, l'histoire peut changer et bien finir...
Pourquoi je vous raconte tout ça??
Simplement parce que ma dernière créa, mon gros projet perso, est issu de tout cela... Des contes que ma mère et mes grand-mères m'ont raconté, puis de ma rencontre avec ces enfants, et enfin de ma rencontre en conte thérapeutique avec ces mêmes enfants...
Cette créa, je l'offre à T., C., R., Q., B., M., T.... et tous les autres enfants du CATTP 1,2,3 Soleil!
Et puis je l'offre aussi un peu à Melle Bulle dans le cadre de ma participation à son concours à étapes, dont le premier thème était l'Enfance...
Une Cape... de Petit Chaperon Noir-Liberty... pour un Petit Chaperon qui a bien grandi...!
Patron maison (aïe ouille la galère, mais je suis ravie du résultat!)
Velours milleraies noir (Mondial Tissu), entièrement doublé polaire (Ets Pérégnaud -une vieille mamie de ma ville, dont je dois probablement être l'unique cliente), Liberty Mauvey Purple (La Droguerie-Bordeaux) pour l'extérieur des poches et la douclure de la capuche, Biais Liberty Tatum Prunelle (La Droguerie-Bordeaux et Stragier) et fermeture éclair de la mercerie du coin...
Testée, approuvée, adorée par moi-même et .... Jalousée par quelques unes aujourd'hui au boulot ;)